La Vegetable collection dénonce la standardisation des fruits et légumes dans l'industrie alimentaire, et par extension le gaspillage alimentaire généré. Elle valorise les fruits et légumes de l’ombre, les invendus, afin de montrer la diversité existante au naturel.
Sous forme de photographies, le projet présente les aliments par catégories appelées Morphothèques : des carottes non calibrées, des pommes de terres bossues, des poivrons à excroissances, etc, loin du légume bien lisse et brillant que nous connaissons du supermarché. Les fruits et légumes utilisés pour ce projet sont des copies en aluminium peint ou en pâte colorisées à l'acrylique, ainsi aucun gaspillage alimentaire n'a été produit.
Leurs aspects paraissent si inhabituels, que la plupart d'entre nous pourrait les trouver repoussant. Cette réaction est due à l’habitude que nous avons de consommer de la nourriture parfaite, standardisée, pour rentrer dans des critères très précis d’esthétique. Fruit « beau » ou « moche », le goût reste pourtant le même… Fort heureusement, il existe depuis quelques années une certaine conscientisation à ce sujet. Ainsi se développent des associations caritatives qui récupèrent les invendus afin de les cuisiner, le plus souvent en soupe ou en jus. Sous sa forme cuisiné, il est impossible de distinguer l’état primaire de l’aliment, et donc plus aisé de se focaliser sur le goût.
Remettre en question la standardisation des fruits et légumes devient urgent. Il s'agirait de rééduquer nos considérations et attentes des aspects formels des aliments ; habituer notre regard à l'imperfection, au « hors norme », qui finalement est la norme dans le règne naturel.
En pointant cette faille du système de production et de consommation alimentaire, Driessens & Verstappen ouvrent une voie vers une solution nécessaire quant à la problématique de notre alimentation du futur. En mettant en exergue les fruits et légumes invendus, ils éveillent notre conscience… À nous, professionnels des métiers de bouche, designers, ou particuliers, d'agir et de reprendre la main sur ce que nous mangeons !
1. Références photographiques : Morphotèque #9, composée de 32 copies de carottes, 1997 Morphotèque #8, 28 copies de pommes de terre , 1994 Morphotèque #15, 27 copies grandeur nature de poivrons, 2011