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Repas vers le futur
Comment définir la photographie culinaire ?
16/04/2020
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L'histoire de la photographie culinaire partie 2 : définition
Article-Hardly More Than Ever, Laura Letinsky
Dans l'article précédent sur l’introduction à la photographie culinaire, nous avons vu que ce genre englobait des œuvres de natures variées, tant qu'il comprenait pour sujet l'alimentation. Pourrions-nous préciser cette définition ?


Regardez les photographies suivantes : 

Article-Still Life, Irving Penn
Article-Pavlova par Hungryaustralian
Article-Poisson, Jean Baptiste Degez
Le ressenti face aux clichés ne diffère-t-il pas ? Et si ce qui différenciait les styles de photographies culinaires, serait leur relation au goût ? Dans l’exemple, Irving Penn met en scène des aliments dans une composition purement esthétique, Jean Baptiste Degez se focalise sur un détail anatomique. La troisième photographie illustre un dessert, évoquants des saveurs par les fruits frais, la sauce dégoulinante, la meringue croustillante : elle se compose d’aliments alléchants. 

"La vue est le premier sens à être stimulé face à la nourriture, il constitue une barrière visuelle qui nous mettra en appétit, ou à l’inverse, nous dégoutera."


La vue est le premier sens à être stimulé face à la nourriture, il constitue une barrière visuelle qui nous mettra en appétit, ou à l’inverse, nous dégoutera. Ainsi, l’aspect visuel de notre alimentation est un facteur déterminant sur notre appétence.  Suggérer le goût, ou non, serait une première distinction dans la photographie culinaire ? 

Il existe deux tendances photographiques. Les photographies d'art, qui ont pour sujet la nourriture comme expression artistique, ainsi que les photographies alimentaires à visée commerciale ou illustratrice, venant illustrer un livre de recettes ou promouvoir un produit alimentaire.

Dans la première tendance, il est question de nourriture comme motif artistique, dénué de toute autre intention que d’exploiter l’aliment comme sujet, comme outil d’expression, ou encore comme matière plastique. Les clichées de la photographe Mathilde de l’Écotais en sont un bon exemple, plongeants au cœur de la matière alimentaire pour en extraire des textures et des couleurs relevants de l’abstrait.

Article-Mathilde de l'Écotais


Philippe Barret1, photographe culinaire, dissocie ces deux types de photographies : les natures mortes, qui sont une représentation d’aliments, un travail de composition, et les « images culinaires », qui suscitent l’envie, l’appétence, et identifient le goût. 

"La photographie serait un support de projection imaginaire du goût et des saveurs par l'œil. Elle aurait pour dessein de nous montrer un goût, de nous permettre de l’identifier, de nous mettre en appétit. "


Caroline Champion, « exploratrice de saveurs », marque également cette distinction. Chercheuse en philosophie esthétique, et spécialiste des relations entre cuisine et art contemporain, elle questionne la relation entre l'œil et le goût. Pour elle, l'un des enjeux de la photographie culinaire serait «  de faire en sorte que l'imaginaire (le fantasme) prenne le relais entre l'œil et le goût, sans passer par les renforts d'un support olfactif. »2 La photographie serait un support de projection imaginaire du goût et des saveurs par l'œil. Elle aurait pour dessein de nous montrer un goût, de nous permettre de l’identifier, de nous mettre en appétit. 

Dans cette veine se distingue deux types de photographie. D’un côté celles qui travaillent sur l'imaginaire gustatif du spectateur, ainsi une photographie alléchante, salivante, qui met en scène un plat. De l’autre celles qui ne font aucun lien entre l'œil et le goût, qui se coupent de la dimension gustative pour jouer de la matière alimentaire comme objet plastique. Ces dernières, Caroline Champion les qualifie de « photographie à thématique alimentaire ». 

Cette qualification est importante et nous permet de mieux distinguer les deux types de photographie culinaire, quand la définition de Jean-Pierre Stéphan englobe toutes les photographies. Avec mon double regard de designer graphique et de cheffe, mon intérêt pour l'histoire de la photographie culinaire se porte vers celles utilisées dans l'édition et la presse culinaire. Ainsi, j’écarterais de ce dossier les photographies artistiques, ou photographies à « thématique alimentaire », pour me focaliser sur la photographie illustrative faisant appel au goût et aux saveurs.




1. https://philippebarret.com/ 

2. Champion Caroline, « Comment montrer le goût ? Une proposition d'analyse de la photographie culinaire », in Les cahiers de la Gastronomie, no3, été 2010, coll. « menu Fretin », p. 30-32.

3. Références photographiques : Still Life, Irving Penn, 1827 Poisson, Jean Baptiste Degez Mathilde de l'écopais

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Comment définir la photographie culinaire ?
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L'histoire de la photographie culinaire partie 2 : définition
Article-Hardly More Than Ever, Laura Letinsky
Dans l'article précédent sur l’introduction à la photographie culinaire, nous avons vu que ce genre englobait des œuvres de natures variées, tant qu'il comprenait pour sujet l'alimentation. Pourrions-nous préciser cette définition ?


Regardez les photographies suivantes : 

Article-Still Life, Irving Penn
Article-Pavlova par Hungryaustralian
Article-Poisson, Jean Baptiste Degez
Le ressenti face aux clichés ne diffère-t-il pas ? Et si ce qui différenciait les styles de photographies culinaires, serait leur relation au goût ? Dans l’exemple, Irving Penn met en scène des aliments dans une composition purement esthétique, Jean Baptiste Degez se focalise sur un détail anatomique. La troisième photographie illustre un dessert, évoquants des saveurs par les fruits frais, la sauce dégoulinante, la meringue croustillante : elle se compose d’aliments alléchants. 

"La vue est le premier sens à être stimulé face à la nourriture, il constitue une barrière visuelle qui nous mettra en appétit, ou à l’inverse, nous dégoutera."


La vue est le premier sens à être stimulé face à la nourriture, il constitue une barrière visuelle qui nous mettra en appétit, ou à l’inverse, nous dégoutera. Ainsi, l’aspect visuel de notre alimentation est un facteur déterminant sur notre appétence.  Suggérer le goût, ou non, serait une première distinction dans la photographie culinaire ? 

Il existe deux tendances photographiques. Les photographies d'art, qui ont pour sujet la nourriture comme expression artistique, ainsi que les photographies alimentaires à visée commerciale ou illustratrice, venant illustrer un livre de recettes ou promouvoir un produit alimentaire.

Dans la première tendance, il est question de nourriture comme motif artistique, dénué de toute autre intention que d’exploiter l’aliment comme sujet, comme outil d’expression, ou encore comme matière plastique. Les clichées de la photographe Mathilde de l’Écotais en sont un bon exemple, plongeants au cœur de la matière alimentaire pour en extraire des textures et des couleurs relevants de l’abstrait.

Article-Mathilde de l'Écotais


Philippe Barret1, photographe culinaire, dissocie ces deux types de photographies : les natures mortes, qui sont une représentation d’aliments, un travail de composition, et les « images culinaires », qui suscitent l’envie, l’appétence, et identifient le goût. 

"La photographie serait un support de projection imaginaire du goût et des saveurs par l'œil. Elle aurait pour dessein de nous montrer un goût, de nous permettre de l’identifier, de nous mettre en appétit. "


Caroline Champion, « exploratrice de saveurs », marque également cette distinction. Chercheuse en philosophie esthétique, et spécialiste des relations entre cuisine et art contemporain, elle questionne la relation entre l'œil et le goût. Pour elle, l'un des enjeux de la photographie culinaire serait «  de faire en sorte que l'imaginaire (le fantasme) prenne le relais entre l'œil et le goût, sans passer par les renforts d'un support olfactif. »2 La photographie serait un support de projection imaginaire du goût et des saveurs par l'œil. Elle aurait pour dessein de nous montrer un goût, de nous permettre de l’identifier, de nous mettre en appétit. 

Dans cette veine se distingue deux types de photographie. D’un côté celles qui travaillent sur l'imaginaire gustatif du spectateur, ainsi une photographie alléchante, salivante, qui met en scène un plat. De l’autre celles qui ne font aucun lien entre l'œil et le goût, qui se coupent de la dimension gustative pour jouer de la matière alimentaire comme objet plastique. Ces dernières, Caroline Champion les qualifie de « photographie à thématique alimentaire ». 

Cette qualification est importante et nous permet de mieux distinguer les deux types de photographie culinaire, quand la définition de Jean-Pierre Stéphan englobe toutes les photographies. Avec mon double regard de designer graphique et de cheffe, mon intérêt pour l'histoire de la photographie culinaire se porte vers celles utilisées dans l'édition et la presse culinaire. Ainsi, j’écarterais de ce dossier les photographies artistiques, ou photographies à « thématique alimentaire », pour me focaliser sur la photographie illustrative faisant appel au goût et aux saveurs.




1. https://philippebarret.com/ 

2. Champion Caroline, « Comment montrer le goût ? Une proposition d'analyse de la photographie culinaire », in Les cahiers de la Gastronomie, no3, été 2010, coll. « menu Fretin », p. 30-32.

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